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Une bien jolie balade comme ça, ça se prépare :
 18 semaines, à raison de 5 à 7 séances par semaines soit 103 sorties
 82 séances de course à pied : 1326 km en 134 h,
 21 séances de vélo : 1076 km en 42 h.

Et il fallait bien ça pour espérer aller au bout cette année !

Temps magnifique la veille et l’avant veille de notre départ.

Par contre, le vendredi à 10 h sur la ligne de départ à Courmayeur c’est la pluie qui nous attendait. Nous avions d’ailleurs reçu un SMS de l’organisation pendant la nuit "Attention, météo difficile. Prévoir équipement en conséquence". Gloups ...

Premiers kilomètres à allure très prudente et finalement sous le soleil pour Denis et moi alors que JP était déjà au coude à coude dans les 50 premiers, classement qu’il gardera jusqu’à la fin (46ième le gaillard !).

Premiers kilomètres donc dans les rues de Courmayeur puis à la queue leu leu dans des chemins étroits et boueux jusqu’aux premiers ravitaillements, on doit être dans les 800 et c’est à chaque fois la queue pour obtenir sa soupe de pates et son thé chaud.

On décide ensuite d’accélérer mais il est difficile de doubler et je perds Denis de vue.

Superbe vue à la Tête de la tronche, une révision rapide des freins et on plonge vers Arnuva. Là ça double pas mal mais les jambes vont le payer en fin de course.

Passage à la Fouly (premier marathon bouclé) où toute la famille m’attendait et ça c’est bon pour le moral car la pluie est de plus en plus présente. Je reparts avec un coupe vent léger de plus dans le sac. Denis n’est pas loin mais il a pris un caillou et sa tendinite au genou commence à se rappeler à ses bons souvenirs.

Montée agréable vers Champex où nous attend un gros ravitaillement et à nouveau la petite famille pour la dernière fois. Cette fois l’obscurité et la pluie commencent à tomber. J’ai beau repartir en T shirt avec un moral intact, il faudra s’arrêter plus tard pour s’équiper d’une frontale et du petit coupe vent. Je garde la veste de pluie et un T shirt sec pour la fin de la course. Denis s’arrêtera là, super déçu on l’imagine. On apprend également que l’UTMB a été interrompu à cause d’une coulée de boue sur le parcours et des conditions météo trop rudes, les gars doivent être verts. Finalement, on a de la chance !

Montée vers Bovine. Là c’est vraiment le déluge. On traverse les ruisseaux, de l’eau au dessus la cheville. Plus haut un vent glacial oblige déjà des coureurs à sortir la couverture de survie lorsqu’ils arrivent sous la minuscule tente du ravito. Mais les bénévoles nous encouragent et c’est reparti jusqu’à Trient, sympathique village suisse.

Objectif le chapiteau à Vallorcine que j’atteint vers 2 h dans la nuit noire après une descente périlleuse. OK, là il faut reprendre des forces. Restauration sérieuse, séchage rapide, j’enfile le dernier T Shirt propre (mais mouillé), les manchettes et la veste de pluie, changement de pile de la frontale et je me lance dans la nuit.

C’est la dernière montée, last but not least ! Après quelques km assez faciles on se retrouve face à un mur, 1000 m de D+ à gravir avec deux marathons dans les pattes. J’en crois pas mes yeux quand je devine les frontales des gars on dessus, il va falloir monter à quatre pattes ? En effet la pente est rude et semble interminable, on encourage quelques gars à la limite de l’hypothermie "Allez, faut pas s’arrêter là !" Enfin arrivés en haut, on se regroupe à quatre pour trouver le chemin malgré le vent et la pluie. Il faut parfois traverser des flaques profondes alors qu’on entend rugir les ruisseaux, c’est impressionnant. C’est plus de la course mais presque de la survie, on est plus des concurrents mais des camarades. Attention, ça glisse fort sur les pierres et on devine le ravin à quelques mètres. On traverse pierriers et plaines pour arriver finalement à la Flégère alors qu’on a quitté Vallorcine trois heures avant. Là bas, les concurrents sont stoppés dès 5h alors que le temps limite était fixé au départ à 7 h 30. Montée vers la Flégère trop dangereuse, des concurrents ont étés brancardés au milieu des pierriers ...

Arrivé à la Flégère, j’avale une dernière soupe salée et du thé et c’est la descente vers Chamonix (7 km). Piste de ski puis chemin facile mais cette fois les jambes ne suivent plus et je termine en marchant jusqu’à l’entrée de Chamonix. Là j’arrive à trotter comme un vieux atteint du chicoungounia !

La ligne d’arrivée tant attendue est à portée de vue, j’en ai presque les larmes aux yeux. Il est 6 h 43 quand j’en termine. Heureux, fier de faire partie des finishers et ... crevé !

Heureusement les filles se sont levées tôt et je suis bientôt à bord de la voiture, retour aux Houches pour une bonne douche chaude et un bon somme, le plus difficile sera de retirer les chaussures !!

Post-Scriptum :